Jean-Nicolas Diatkino donnera un récital de piano « De la structure à la magie », le mercredi 12 novembre, Salle Gaveau !
Ce récital se définit comme un voyage musical, des constructions puissantes de Beethoven à l’univers sonore de Ravel, reliés entre eux par les visions surnaturelles romantiques du poète Aloysius Bertrand (1807-1841).
Les premières sonates pour piano de Beethoven remportèrent immédiatement un grand succès auprès du public des salons Viennois, succès auquel la virtuosité et la personnalité du compositeur-pianiste n’étaient pas étrangères. Revers de la médaille, Beethoven se plaignait souvent que ses sonates pour piano, tombées aux mains d’éditeurs peu scrupuleux, donnaient lieu à des transcriptions pour d’autres instruments de musique de chambre, transcriptions dont la qualité laissait évidemment à désirer à ses yeux. Ainsi la neuvième sonate de Beethoven est la seule dont celui-ci ait lui-même écrit la transcription pour quatuor à cordes, dans la même tonalité, et à laquelle il a attribué le même numéro d’opus. Mais la structure de cette sonate est déjà par elle même si proche de celle du quatuor, avec ses quatre voix bien définies, dans le caractère du « quatuor dialogué » si cher à Haydn, qu’on se demande si ce n’est pas l’inverse qui s’est en fait produit : Sa conception partait bien de l’idée d’un quatuor pour aller vers le piano. C’est ce qui donne à cette sonate son caractère particulièrement convivial, comme une conversation, parfois un peu épicée, entre amis…
Loin de cet élan de fraternisation qui culminera avec l’hymne à la joie vingt cinq ans plus tard, on trouve chez Brahms et les huit pièces de l’opus 76 le retour à une solitude méditative, une confrontation entre le poète et les puissances de la nature, qui tend à identifier le microcosme de l’être ordinaire avec le macrocosme. Son moyen d’expression est pourtant si intime que le critique Hanslick y voyait des « romances sans paroles », et c’est bien le compositeur des Lieder que l’on y retrouve le plus souvent, avec cette capacité unique à suivre les méandres les plus subtils des textes qu’il met en musique. La magie créative de Brahms nous permet de gouter ici aux même émotions, mais cette fois, sans les mots…
L’évocation de la magie, du monde surnaturel propre au romantisme allemand, ne peut à mon sens mieux se révéler dans la musique française qu’avec Gaspard de La Nuit, d’après les trois poèmes d’Aloysius Bertrand (1820) présentés par l’éditeur selon les vœux de Ravel avant chaque pièce dans la partition. Leur lecture suffit à elle seule à introduire parfaitement l’auditeur dans le monde du compositeur, monde où se découvre la fine dentelle de ses harmonies et de ses timbres. Soulignons seulement comment Ravel y exprime le caractère diabolique du lutin Scarbo : Tout en se dilatant jusqu’à devenir aussi grand qu’une cathédrale puis rétrécir et disparaître sous le lit, il émet toutes sortes de sons inquiétants auxquels se mêlent des caractères de danse hispaniques parfaitement reconnaissables. La féminité de ces rythmes diaboliques nous emmène bien loin de Méphistophélès tel que Liszt le conçoit dans sa valse du même nom, valse dont la virtuosité a pourtant certainement influencé Ravel dans sa composition.
Enfin, écrire sur la musique de Chopin et la jouer est un paradoxe qui s’exprime clairement dans l’expression que celui-ci utilisait volontiers : « La plume me brule les doigts ». Laissons donc le dernier mot à Marcel Proust : « Les phrases au long col sinueux et démesuré de Chopin, si libres, si flexibles, si tactiles , qui commencent par chercher et essayer leur place en dehors et bien loin de la direction de leur départ, bien loin du point où on avait su espérer qu’atteindrait leur attouchement, et qui ne se jouent dans cet écart de fantaisie que pour revenir plus délibérément – d’un retour plus prémédité, avec plus de précision, comme sur un cristal qui résonnerait jusqu’à faire crier – vous frapper au cœur. »
Jean-Nicolas Diatkine
Jean-Nicolas Diatkine, un pianiste humaniste, un artiste atypique
Issu d’une famille de médecins reconnus, considérant le dévouement à autrui comme la base de leur métier, il a semblé impossible à Jean-Nicolas Diatkine de renoncer entièrement à ces valeurs, d’où la nécessité de mener de front son perfectionnement artistique et un retour aux valeurs essentielles humanistes auxquelles il a consacré ces vingt dernières années.
Parallèlement, il a fait de l’étude et de la compréhension approfondies de l’écriture du compositeur une nécessite absolue et une étape indispensable avant d’interpréter une oeuvre en public.
Quelques repères biographiques:
Jean-Nicolas Diatkine débute ses études musicales à 6 ans. Durant ses années de formation deux rencontres seront déterminantes : Ruth Neye en 1989, professeur à l’Ecole Yehudi Menuhin et au Royal College of Music, formée par Claudio Arrau ; et Narcis Bonet en 1994, compositeur, élève de Nadia Boulanger.
Chopin conseillait à ses élèves d’écouter les chanteurs, Jean-Nicolas Diatkine l’a pris au mot et a choisi de travailler entre 1996 et 2006 comme coach dans l’école de chant d’Yva Barthélémy à Bruges. En 2000, il est remarqué par la mezzo soprano Alicia Nafé et le ténor Zeger Vandersteene qu’il accompagne lors de nombreux récitals en France, Belgique et Espagne.
Depuis 1999, il se produit régulièrement en tant que soliste en France et en Belgique, notamment dans le cycle de concerts « Autour du Piano », au Festival de piano « Pianissime », à l’Opéra Bastille, au « Rode Pomp » à Gand où le public le désigne comme « meilleure révélation pianistique depuis dix ans ».
Jean-Nicolas Diatkine explore dans ses récitals, un vaste éventail d’œuvres pour piano comme les Suites de Haendel, les Préludes de Shostakovitch, la Sonate Appassionata et l’Opus 101 de Beethoven, la dernière Sonate de Schubert D.960, les Etudes symphoniques de Schumann, ou encore les quatre Ballades de Chopin.
Son répertoire comprend également des oeuvres rarement jouées de Liszt comme Les Réminiscences de Boccanegra, sans oublier les Pièces de Clavecin de Rameau.
Suite à l’unanime succès de son premier récital salle Gaveau en décembre 2011, Jean-Nicolas Diatkine propose désormais à son public un rendez-vous annuel dans cette salle parisienne.
Informations pratiques:
Salle Gaveau
45 rue de la Boétie
75008 Paris
Mercredi 12 novembre 2014 à 20h30
Tarifs : 45 €, 35 €, 25 €, 15 €
Tel: 01 49 53 05 07
www.sallegaveau.com
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