La pièce « Le Cabinet de Curiosités » est au théâtre Le Proscenium, du 13 février au 21 mars 2015
La pièce:
En coulisse, vingt minutes avant d’entrer en scène pour jouer Bérénice, quatre comédiens essaient à leur manière de conjurer le trac. Ils vont pour cela se créer un monde imaginaire et donner vie à H, un héros hors du commun qui s’apprête à vivre de folles péripéties.
H est fou amoureux de Mélusine. Malheureusement il est tellement maladroit qu’il ne sait pas le lui faire comprendre. Alors Mélusine le quitte. Avant de partir, cette dernière n’a plus qu’un vœu en tête et pour cela elle jette une pièce de monnaie dans l’eau de la fontaine magique dans l’espoir qu’il se réalise. C’est alors que H, dépité, croise le chemin d’Irma, employée du désir, qui le mènera à l’Abysse des vœux pour qu’enfin il connaisse celui de sa belle. Mais « on n’entre pas dans l’Abysse des vœux comme dans un moulin », H devra passer d’îles en îles afin de récupérer les cinq objets nécessaires à l’ouverture des portes de l’Abysse. Ces passages d’îles en îles sont ponctués de retours en coulisse pour les comédiens, sans cesse ramenés à la réalité par la voix du régisseur mais repartant toujours de plus belle, dans l’espoir de pouvoir finir l’histoire de H, ce soir, avant la représentation.
Note d’intentions:
Je voulais faire de cette mise en scène quelque chose de très simple. Partir du réel pour en faire jaillir l’imaginaire, à partir de quelques choix essentiels. Le lieu tout d’abord : la loge, la vraie. Avec des malles, des portants, des costumes et miroirs. Un lieu concret, à l’image de la situation réaliste : des comédiens cherchant à évacuer leur stress, avant une représentation. Un lieu pourtant déjà porteur d’imaginaire, ou dissimulant des mystères : la loge est un peu datée, correspond davantage à l’idée qu’on se ferait d’une loge de théâtre qu’à une loge réelle. Des queues de sirène se cachent dans les coins, des filets de pêche dépassent des trousses de maquillage. Les costumes semblent un peu farfelus, ils ne correspondent en rien à Bérénice, le spectacle annoncé.
Dans cette loge, des comédiens, surpris dans leur intimité, dans leur routine : ils discutent entre eux, se relaxent. Le jeu choisi est celui de la simplicité et de la spontanéité. Il m’a semblé important que les comédiens soient présents sur le plateau dès l’arrivée du public. Comme si ça avait déjà commencé, ou, au contraire, comme si ça n’avait pas encore commencé mais que ça allait commencer…avec l’histoire de H. Lorsque H apparaît, le jeu évolue, devient plus théâtral. Les comédiens adoptent le jeu plus forcé de celui qui joue à jouer. Chacun des personnages que s’amusent à endosser les comédiens est donc très typé et possède des traits grossis : le spectateur peut ainsi reconnaître aisément le personnage qui se construit et qui passe de mains en mains. Peu à peu une narration se met en place, et ne circule pas seulement entre les personnages : elle s’adresse au public, le fait entrer dans l’histoire.
Le Cabinet de Curiosités nous plonge d’emblée dans une temporalité floue : en tout début de pièce la voix du régisseur retentit pour annoncer l’entrée en scène des comédiens dans «vingt minutes». Ces «vingt minutes» ne correspondent pas à la temporalité des spectateurs puisque la pièce est partie pour durer une heure. Ces quatre comédiens qui se plongent dans leurs fantasmes ont une idée faussée du temps qui s’écoule ; ils sont pris dans un monde merveilleux où ils ont l’impression de passer des heures.
Cela m’évoque le temps du rêve, ce temps où le cerveau fonctionne à vitesse accélérée et nous donne l’impression d’avoir rêver des heures alors qu’un rêve en moyenne ne dure pas plus de quatre secondes…
Si l’imaginaire ne cesse d’être convoqué, la réalité n’est pas pour autant oubliée. Tout au long de l’histoire de H., les comédiens sont sans cesse rappelés à la réalité par la voix du régisseur qui ne manque pas une occasion de leur rappeler le temps qui leur reste avant l’entrée en scène. Et de les ramener ainsi à leur stress. Car si leur intégration dans l’histoire évolue autant et que cette même histoire prend de telles tournures c’est bel et bien parce que la réalité se fait de plus en plus présente et que l’échéance de l’entré en scène se rapproche à grand pas. L’histoire de H est donc également rythmée et parfois interrompue par le retour des maux de ventre des comédiens-personnages et par les allers-retours aux toilettes.
J’ai cependant souhaité que ces toilettes n’aient pas une place centrale dans cette mise en scène. Il était important pour moi de faire exister ce lieu en dehors de la scène, comme un endroit intime, seul lieu où les comédiens ne sont pas observés par les spectateurs. Et même si le cabinet garde toute son importance, j’ai préféré le lier davantage au stress qu’à la création de la suite de l’histoire comme il est initialement suggéré dans la pièce. Ce choix me permettait aussi de mettre l’accent sur ce qui me semblait essentiel dans la pièce : le rapport au théâtre et l’enfance.
J’avais en effet le désir de faire ressortir l’enfance, élément essentiel selon moi du Cabinet de curiosités. Ma première impression en lisant cette pièce avait en effet été d’assister à un jeu d’enfants entre quatre personnages qui auraient mis de côté toutes formes de pudeur et de retenue liées à l’âge adulte.
Pour moi les personnages redeviennent pour quelques temps des enfants sans complexes, insouciants, impudiques. Et c’est dans cette direction que nous avons axé le travail. Avec l’énergie, la naïveté et la joie des enfants, et parfois la cruauté. Vers un imaginaire sans cesse renouvelé.
Informations Pratiques:
Théâtre Le Proscenium
2 passage du bureau
75011 Paris
Du 13 février au 21 mars 2015
Les vendredis et samedis à 21h15
Relâche les 6 et 7 mars
Date / Heure
Date(s) - 13/02/2015 - 21/03/2015
21.15.
Emplacement
Théâtre Le Proscenium
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