Combat @ Théâtre du Lucernaire, le 6 Octobre 2014
Côte de la rédac’:
Un plateau dénudé ; une table, un boeuf suspendu au plafond et quelques chaises parsemées ici et là.
Jean a voulu donner la plus belle réception pour célébrer la médaille du travail qu’a obtenu sa mère en raison des loyaux services qu’elle a pu rendre à l’abattoir de la ville. La figure maternelle récompensée fait contraste avec un fils abonné au chômage, à une vie sans avenir, sans espoir. Un vilain petit canard. Ce dernier a une demi-soeur qui contrairement à lui, brille. Elle, a quitté le domicile familial et devenue une élégante cadre bourgeoise. Le jour de la fête, elle se contente d’un aller-retour dans la journée. Elle se voit offrir un couteau de boucher par sa mère. Curieux présent. Elle ne manque pas de l’utiliser dès le soir de son retour. Sur un homme innocent sur le quai de la gare. Brutalement, cette femme modèle bascule dans la folie. On souriait, on se met à angoisser soudainement.
Une leçon de philosophie sur la vie est à tirer. Jean voit la vie comme un parloir, la sonnerie nous rappelle que ça ne dure pas éternellement. Il explique au policier qu’on ne peut pas faire pousser deux pieds de tomates dans un pot ; il faut arracher le mauvais pour sauver le beau.
Le texte de Granouillet est grandiose. La brutalité des personnages est épatante. La froideur est palpable, on sort de la salle avec l’angoisse. Cette famille lutte pour sa réussite jusqu’à perdre pied. Dans un registre psychanalytique, on dirait un OEdipe des temps modernes.
Le jeu de Jacques Descorde est intense, un personnage qui se veut profondément bon, contraint de se faire comparer à sa soeur ; Muriel. Astrid Cathala est brillante, sa folie, sa violence sont parfaitement maîtrisées et interprétées avec brio. A tout meurtre son témoin, Ewann Daouphars fait office de choeur à la manière d’une tragédie grecque. Présent partout, il ne manque pas de prendre parti. La femme de Jean jouée par Anna Andreoti est soumise mais prête à tout pour venir en aide à son époux.
Une tragédie marquante, à voir absolument en essayant de percevoir la brûlante résonance à l’actualité !
Léa GOUJON
Informations Pratiques:
Combat
Théâtre Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs
75006
Du 17 septembre au 16 novembre
Du mardi au samedi à 21h30 et matinée le dimanche à 17h
20€/15€/10€
Commentaires récents