Le Cenquatre présente « Citizen Jobs » de Jean-François Peyret, du 3 au 15 mars
Défunt gourou d’Apple, Steve Jobs a été l’un des acteurs technologiques majeurs du 20e siècle. Pour disséquer le mythe de la pomme, Jean-François Peyret met en scène Jos Houben.
Cherchez la pomme. Et observez-là comme un autre Rosebud, cette vraie-fausse clef de Citizen Kane. Chez Jean-François Peyret, le J. de Jobs, Steve de son prénom, le défunt guide-gourou d’Apple, fait écho au K. de Charles Foster Kane. Si la créature de Welles incarnait l’Amérique de la presse, Jobs serait sa propre créature, un produit dérivé du numérique.
Dans la pomme de cristal adoptée par Jobs, Peyret a vu se décliner les mythes d’une sainte écriture américaine. Celle de l’accomplissement personnel. Passent le bricoleur dans son garage, le hippie cherchant la vérité en Inde, l’entrepreneur prophétique rebondissant malgré les échecs, le boss colérique, le designer raffiné dopé au Bauhaus, le milliardaire secret.
Celui qu’il nomme tantôt le « Che de la Silicon Valley » et tantôt le « James Dean » manie comme nul autre l’art du marketing. Il est une star du music-hall vidéo- planétaire.
De quoi susciter la curiosité d’un autre acteur, Jos Houben, maître de l’art du rire, qui accompagnait déjà Peyret dans cet autre tome de la légende américaine, le Walden de Citizen Thoreau – un texte de référence pour Jobs. Entre Jos et Jobs, nul risque de confusion, pas l’ombre d’une incarnation projetée dans le flux d’un biopic théâtral, mais l‘élaboration d’un geste juste pour une geste nourrie par l’art critique du comédien, la mise en route d’une machine-corps exceptionnelle, qui vient en quelque sorte, prendre l’homme à la pomme par le travers, à l’abordage.
Jean François Peyret est né à Paris en 1945. Metteur en scène et universitaire, il crée avec Jean Jourdheuil, de 1982 à 1994, une quinzaine de spectacles, à partir de textes non dramatiques, de Montaigne à Lucrèce, faisant d’autre part connaître l’œuvre de Heiner Müller.
Il a animé avec Sophie Loucachevsky le Théâtre Feuilleton au Théâtre National de l’Odéon et créé dans ce cadre plusieurs spectacles ayant Kafka comme matériau.
De 1995 à 2000, en résidence à la MC93 de Bobigny, il présente un cycle de spectacles: la trilogie du Traité des Passions, puis Un Faust-Histoire naturelle(écrit avec Jean-Didier Vincent), et des spectacles autour d’Alan Turing (Turing-machine, Histoire naturelle de l’esprit – suite&fin-).
C’est ensuite Le Traité des formes (en collaboration avec Alain Prochiantz), une réflexion-rêverie autour du vivant et de l’artificiel, du corps et de la machine, variation sur le thème du destin technique de l’homme qui eut pour prétexte les œuvres d’Ovide et de Darwin. Cette recherche s’est poursuivie avec Le cas de Sophie K (créé en Avignon en 2005 et repris au Théâtre National de Chaillot en 2006), essai sur l’œuvre et du destin de la mathématicienne et écrivain(e) russe Sophie Kovalevskaïa.
Son spectacle Tournant autour de Galilée, en collaboration avec Françoise Balibar et Alain Prochiantz, a été créé au Théâtre National de Strasbourg du 28 février au 16 mars 2008 puis au Théâtre National de l’Odéon du 27 mars au 19 avril 2008. Faisant suite à ce spectacle sur Galilée, il crée avec Alain Prochiantz Ex vivo/In vitro qui a pour prétexte la procréation médicalement assistée et les troubles dans la filiation qu’elle engendre.
Informations Pratiques:
Le Centquatre
5 rue Curial
75019 Paris
www.104.fr
Tel : 01 53 35 50 00
Horaires et tarifs:
Du 3 au 15 mars à 20h30
Les dimanches 8 et 15 mars à 17h
Relâche les 9 et 13 mars
Plein tarif: 20€
Tarif réduit: 15€
Tarif abonné: 12€
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